III. Premiers États, premières écritures

La Mésopotamie est un mot d’origine grecque : Μεσο (« milieu ») + ποταμος (« fleuve ») = « le pays entre les fleuves », soit entre l’Euphrate et le Tigre. Ce n’est que bien après la conquête musulmane qu’on parle d’Irak pour cette région.

Les deux fleuves prennent leur source au sein des monts Taurus (en Turquie actuelle). La Haute-Mésopotamie (au nord) correspond à des plateaux recevant quelques pluies, tandis que la Basse-Mésopotamie (au sud) est une vaste plaine marécageuse arrosée par les fleuves. Les habitants manquent de pierre et de bois, qu’ils doivent importer, mais utilisent l’argile pour bâtir (en briques) et pour écrire (sur des tablettes).

L’accumulation des débris de millénaires d’occupation d’un site forme une colline artificielle, appelé tell en arabe, tepe en iranien et hüyük en turc.


À la fin du 4e millénaire avant notre ère (vers -3250), l’invention de l’écriture permet le développement des premiers États en Basse-Mésopotamie, notamment dans les villes d’Uruk [1] et de Suse.
Au 3e millénaire la région est divisée en un grand nombre de cités-États (Uruk, Lagash, Ur, Kiš, Nippur ou Umma), en guerre mutuellement et utilisant le sumérien comme langue écrite avec des symboles cunéiformes (époque du roi mythique Gilgamesh d’Uruk). Son influence s’étend vers la Syrie (Mari et Ebla) et vers l’Élam (Suse).

À la fin du 3e millénaire avant notre ère, Sargon (-2340 à -2279) annexe par la guerre toutes les cités mésopotamiennes, y compris Suse (en Élam) et Ébla (en Syrie), choisissant Akkad comme capitale de son empire. L’akkadien fait son apparition, il s’agit d’une langue sémitique écrite en cunéiformes. Ses descendants ne purent maintenir cet héritage, entrainant la chute d’Akkad (-2193) et l’indépendance des cités : Lagash (sous Gudea, vers -2120) et surtout Ur (sous Ur-Nammu, qui règne de -2112 à -2095). Un nouvel empire se fit autour d’Ur (-2100 à -2004).

Le 2e millénaire avant notre ère est d’abord une époque d’invasions. Les Amorrites (venant de l’ouest) et les Élamites (venant de l’est) prirent d’assaut et pillèrent Ur (-2004). Les cités sont désormais dirigées par les Amorrites, avec comme cités dominantes successivement Isin (jusqu’en -1794), Larsa (jusqu’en -1763) puis surtout Babylone (sous Hammurabi, qui règne de -1792 à -1750) qui repoussent les Élamites.
Une nouvelle vague d’invasions frappe la Mésopotamie, avec les Araméens (venant de l’ouest) et les Hittites (venant d’Anatolie), ces derniers prenant et pillant Babylone en -1595.

Du Xe au VIIe siècle avant notre ère, l’Assyrie, dont les capitales Assur, Kalkhu puis Ninive se trouvaient en Haute-Mésopotamie, conquis un vaste empire (sous les rois Sargon II, Assurnazirpal II et Assurbanipal) de la Mésopotamie jusqu’à l’Égypte. Les langues de cette empire sont l’assyrien (langue proche de l’akkadien) et l’araméen, langue elle-aussi sémitique, toujours écrites en cunéiformes.

Du VIIe au VIe siècle avant notre ère, s’est le retour de Babylone à la tête de la Mésopotamie (sous Nabuchodonosor II). À partir de -539 la Mésopotamie est conquise par les Perses installés en Élam (sous Darius, qui fit de Suse sa capitale), en -331 par les Grecs (sous Alexandre) et à partir du Ier siècle elle devient terre litigieuse entre les Parthes et les Romains.


[1Pour les mots transcrits, la voyelle /u/ se prononce /ou/, /e/ se prononce /è/, /š/ se prononce /ch/, /ṣ/ se prononce /ts/.


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