Sujet J2 pour La Réunion

épreuve du 29 mars 2023
dimanche 28 mai 2023
par  Julien Daget
popularité : 1%

23-HGGSP-J2-LR1
sujet J2 pour La Réunion (29 mars 2023)

Le candidat traitera un sujet de dissertation au choix parmi les sujets 1 et 2.
Il précisera sur la copie le numéro du sujet choisi pour la dissertation.

Sujet de dissertation 1
Le changement climatique : responsabilité mondiale, solution collective ?

Sujet de dissertation 2
Le patrimoine en France entre valorisation et protection.


Le candidat traitera l’étude critique de documents suivante :

Étude critique de documents : Permanences et mutations des guerres contemporaines.
En analysant les documents, en les confrontant et en vous appuyant sur vos connaissances, vous mettrez en évidence les permanences et les mutations des guerres depuis le XIXe siècle.

Document 1
Le président des États-Unis Georges W. Bush (2001-2009) annonce le succès de l’opération militaire en Irak (« Opération Liberté irakienne »), le 1er mai 2003 sur le porte-avion nucléaire USS Abraham Lincoln, de retour du golfe arabo-persique. Photographie de J. Scott Applewhite, Associated Press.
Georges, pouce en l’air, recevant les applaudissements de l’équipage, sous une bannière Mission accomplished.

Document 2

Les attentats terroristes de janvier et novembre 2015 à Paris confirment le pire : désormais attisées par le vent de la barbarie, les braises se répandent et les départs de feu touchent le cœur même de notre territoire. [...] La guerre est probable. Refuser de le comprendre ne l’empêchera pas de venir s’occuper de nous ; au contraire. Et cette guerre probable ne sera pas la guerre dont nous rêvons, celle que nous préférons, la guerre des arsenaux contre les arsenaux, cette guerre pour laquelle sont construites nos armées occidentales modelées, de fait, pour affronter en rase campagne des armées qui leur ressembleraient. L’autre, celui que nos soldats devront combattre pour préserver notre liberté et les modes de vie que nous aimons, l’autre sera à la fois semblable et différent de nous.
Semblable parce que, intelligent comme nous, il agira en stratège et cherchera à contourner notre force, militaire en particulier. Il attaquera nos faiblesses, voire nos lâchetés, au cœur même de nos sociétés. Il jouera de nos peurs et de nos inhibitions, s’infiltrera dans nos contradictions, fera de nos valeurs le levier même de son action. Différent parce qu’il ne mettra aucune limite à ses agissements, ni légale ni morale. Il fascinera par la violence et s’appuiera sur la terreur, autant pour attirer que pour détruire. [...]
Si la guerre n’a pas changé de nature, elle a changé de visage [...]. Nous sommes passés du « paradigme [1] napoléonien » (centralité de la bataille, culte de l’offensive, destruction de l’ennemi, victoire intégrale) au « paradigme de la paix ». Plus que jamais, l’horizon de la bataille, c’est la paix qui la suit et, par conséquent, les dimensions culturelles, sociales, économiques, politiques de la guerre redeviennent essentielles. [...]
Quels que soient les progrès technologiques, les prouesses du Big Data la guerre demeurera toujours le domaine du hasard et de l’imprévu. Demain pas plus qu’hier, les plans ne se dérouleront comme nous les avions imaginés. Les plans dérailleront toujours car la guerre est le royaume de la « friction » [2], ce phénomène mis en évidence par Clausewitz qui distingue la « guerre réelle » de la « guerre sur le papier ». Et jamais le « brouillard de la guerre », autre concept clausewitzien, ne se lèvera sur les champs de guerre, celle-ci restant toujours profondément marquée par l’incertitude. [...]
Toujours davantage, la guerre sera une guerre « multi-espaces » et « multi-dimensions » car elle se saisit de toutes les conquêtes de l’homme et ne lâche jamais un espace qu’elle a colonisé : terre, mer, ciel, espace, cyber et ainsi de suite. [...]
Ce qui est sûr c’est que, contrairement aux croyances volontairement répandues, la guerre de demain ne sera pas une guerre de robots. Elle commencera bien par une guerre de robots, mais une fois que les robots se seront mutuellement détruits, les hommes reprendront les armes et les vraies guerres commenceront [...]. Quel plus bel exemple que celui de la deuxième guerre du Golfe : une fois que les Américains, très rapidement d’ailleurs, eurent détruit les chars de Saddam Hussein au début du mois d’avril 2003, la vraie guerre a commencé et elle se poursuit aujourd’hui de manière atroce : elle porte le visage de Daesh !

Général Vincent Desportes, « Préparer la guerre », Le Débat, n° 190, p. 44-48 (2016/3).


[1Paradigme : ici dans le sens de modèle, de vision cohérente et organisée.

[2Friction : ensemble des circonstances qui bouleversent les plans préétablis.