Doc. – Justifier une guerre

argumentaire russe justifiant l’« opération militaire spéciale » de 2022 contre l’Ukraine
vendredi 25 février 2022
par  Julien Daget
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Justifier une guerre
deux pages.

Consigne : après avoir présenté le document, vous analyserez les arguments russes justifiant l’« opération militaire spéciale » de 2022 contre l’Ukraine.

Méthode : l’étude critique


Chers citoyens russes ! Chers amis !
Aujourd’hui, il me semble nécessaire de revenir sur les événements tragiques qui se déroulent dans le Donbass et sur les questions clés liées à la sécurité de la Russie.
Je vais commencer par ce que j’ai dit dans mon discours du 21 février de cette année [1]. Je me réfère à ce qui nous préoccupe particulièrement, à savoir les menaces fondamentales que font peser de manière démesurée et arrogante, pas à pas, année après année, les hommes politiques occidentaux irresponsables sur notre pays. Il s’agit de l’expansion de l’OTAN vers l’est, du fait que ses infrastructures militaires s’approchent aux frontières de la Russie. Il est bien connu que, depuis 30 ans, nous essayons avec persistance et patience de parvenir à un accord avec les principaux pays de l’OTAN sur les principes de sécurité, égale et indivisible, en Europe. En réponse à nos propositions, ça n’a toujours été que soit des tromperies et des mensonges cyniques, soit des tentatives de pression et de chantage, alors que l’Alliance atlantique, malgré toutes nos protestations et préoccupations, ne cesse de s’élargir. La machine de guerre est en marche et, je le répète, elle s’approche très près de nos frontières. [...]

Et bien sûr, dans cette situation, nous nous demandons : que faire ensuite, à quoi s’attendre ? L’histoire nous apprend qu’en 1940 et au début de 1941, l’Union soviétique a tenté d’empêcher ou du moins de retarder la guerre par tous les moyens. Pour ce faire, il a essayé littéralement jusqu’à la dernière minute de ne pas provoquer un agresseur potentiel, n’a pas pris ou reporté les mesures les plus nécessaires et les plus évidentes visant à se préparer et repousser une attaque inévitable. Et les mesures qui ont finalement été prises étaient dramatiquement tardives.
En conséquence, le pays n’était pas prêt à faire face à pleine capacité à l’invasion de l’Allemagne nazie, qui a attaqué notre Patrie sans déclaration de guerre le 22 juin 1941. L’ennemi a été arrêté puis écrasé, mais à un coût colossal. La tentative d’amadouer l’agresseur à la veille de la Grande Guerre patriotique s’est avéré être une erreur qui a coûté cher à notre peuple. Au cours des premiers mois de combat, nous avons perdu de vastes territoires stratégiquement importants et des millions de personnes. Nous ne ferons pas une telle erreur une deuxième fois, nous n’en avons pas le droit. [...]

Aujourd’hui même, alors que l’OTAN s’étend vers l’est, la situation pour notre pays se dégrade et devient chaque année plus dangereuse. En outre, ces derniers jours, les dirigeants de l’OTAN ont explicitement évoqué la nécessité d’accélérer, de forcer l’avancée des infrastructures de l’Alliance vers les frontières de la Russie. En d’autres termes, ils renforcent leur position. Nous ne pouvons plus nous contenter de regarder ce qui se passe. Ce serait complètement irresponsable de notre part. La poursuite de l’expansion de l’infrastructure de l’Alliance atlantique, la conquête militaire des territoires de l’Ukraine qui a commencé, est inacceptable pour nous. Le problème, bien sûr, n’est pas la structure l’OTAN elle-même, elle n’est qu’un instrument de la politique étrangère des États-Unis. Le problème est que sur les territoires qui nous sont adjacents, je vous fais remarquer, sur nos propres territoires historiques, une « anti-Russie » est en train d’être crée, qui a été placée sous un contrôle extérieur total, qui est colonisée de manière active par les forces armées des pays de l’OTAN et où il y a un afflux d’armes les plus modernes. [...]

À cet égard, [il faut parler de] la situation dans le Donbass. Nous voyons que les forces qui ont effectué un coup d’État en Ukraine en 2014, ont pris le pouvoir et le conservent, de fait, à l’aide des procédures électorales décoratives, ont finalement renoncé à un règlement pacifique du conflit. Pendant huit années, huit années infiniment longues, nous avons fait tout notre possible pour que la situation soit résolue par des moyens pacifiques et politiques. Tout cela en vain.
Comme je l’ai dit dans mon précédent discours, on ne peut pas regarder sans compassion ce qui se passe là-bas. Il n’était tout simplement plus possible de supporter tout cela. Il était nécessaire de mettre fin immédiatement à ce cauchemar – au génocide contre les millions de personnes qui y vivent, dont le seul espoir est la Russie, dont le seul espoir est en nous. Ce sont ces aspirations, ces sentiments, la douleur des gens qui ont été pour nous le principal motif pour décider de reconnaître les républiques populaires du Donbass.
Voici ce qu’il me paraît important de souligner davantage. Les principaux pays de l’OTAN, pour atteindre leurs propres objectifs, soutiennent en Ukraine les nationalistes extrêmes et les néo-nazis, qui à leur tour ne pardonneront jamais aux Сriméens et aux habitants de Sébastopol leur libre choix – la réunification avec la Russie. [...]

Je rappelle que dans les années 2000-2005, nous avons riposté militairement aux terroristes dans le Caucase, défendu l’intégrité de notre État, préservé la Russie. En 2014, nous avons soutenu les Criméens et les résidents de Sébastopol. En 2015, nous avons utilisé les forces armées pour mettre un obstacle fiable à l’infiltration de terroristes de Syrie en Russie. Nous n’avions pas d’autre moyen de nous protéger.
La même chose se produit à l’heure actuelle. On ne nous a tout simplement pas laissé d’autre possibilité de protéger la Russie, notre peuple, à l’exception de celle que nous devrons utiliser aujourd’hui. Les circonstances exigent que nous prenions des mesures décisives et immédiates. Les républiques populaires du Donbass ont demandé de l’aide à la Russie.
À cet égard, conformément à l’article 51, partie 7, de la Charte des Nations unies [2], selon l’autorisation du Conseil de la fédération de Russie et en application des traités d’amitié et d’assistance mutuelle avec la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk ratifiés par l’Assemblée fédérale le 22 février dernier, j’ai décidé de mener une opération militaire spéciale.
Son objectif est de protéger les personnes qui souffrent des abus et du génocide de la part du régime de Kiev depuis huit ans. Et à cette fin, nous nous efforcerons de démilitariser et de dénazifier l’Ukraine, et de poursuivre en justice ceux qui ont commis des crimes nombreux et sanglants contre des civils, y compris des citoyens de la fédération de Russie.
Dans le même temps, nous ne planifions pas d’occuper des territoires ukrainiens. Nous n’avons pas l’intention d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit par la force. [...]

Je dois également m’adresser aux militaires des forces armées ukrainiennes.
Chers camarades ! Ce n’est pas pour que les néo-nazis d’aujourd’hui prennent le pouvoir en Ukraine que vos pères, vous grand-pères, vos arrière-grand-pères se sont battus contre les nazis, défendant notre patrie commune. Vous avez prêté serment d’allégeance au peuple ukrainien, et non à la junte hostile au peuple qui pille l’Ukraine et persécute ce même peuple. Ne suivez pas ses ordres criminels. Je vous exhorte à déposer les armes immédiatement et à rentrer chez vous. [...]

Maintenant quelques mots importants, très importants pour ceux qui seraient tentés de s’ingérer dans les événements en cours. Quiconque essaiera d’interférer avec nous, et plus encore de créer des menaces pour notre pays, pour notre peuple, doit savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et vous mènera à des conséquences auxquelles vous n’avez jamais fait face dans votre histoire. Nous sommes prêts à n’importe quelle évolution de la situation. Toutes les décisions nécessaires à cet égard ont été prises. J’espère que je serai entendu. [...]

Adresse du président de la fédération de Russie Vladimir Poutine, 24 février 2022.
https://france.mid.ru/fr/presse/adresse_president_vladimir_poutine_/